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NOTE sur le Mondial des 7 et 8 ans 2005 Nous ne pouvons ouvrir ce propos sans évoquer la mémoire de Pierre CAZES, qui fut l’un des meilleurs promoteurs de ce Mondial créé à Compiègne et le concepteur du circuit de qualification pour les chevaux français . Participation : L’édition 2005 du Mondial des 7 et 8 ans était la troisième et a connu un bond spectaculaire tant en nombre de partants que de nations participantes.
Parallèlement à l’augmentation du nombre de nations présentes, la proportion de cavaliers français a été volontairement limitée pour donner à l’épreuve le caractère international que nous lui voulons. La présence de cinq nations hors continent européen va également en ce sens. Races représentées et
classement. Six races étaient représentées avec deux partants et plus, 6 races n’avaient qu’un représentant et participaient également six chevaux d’origine inconnue. Le tableau ci-dessous donne le détail des participants, avec le nombre de classés :
On note l’omniprésence de la race arabe, soit directement en race pure (elle représente près de 60% des partants) soit au travers des différents croisements : anglo-arabe et demi-sang arabe. Ce constat est corroboré par le challenge des races (résultat en annexe) où sont classés dans cet ordre les races : arabe, anglo-arabe, demi-sang arabe. Il faut noter également le très bon comportement des Shagya (100% de classés) des anglo-arabes (75%) et des demi-sang arabes (68% de classés). Nous passerons sur les selle-français A et B dont l’un est assimilable à un demi-sang arabe, l’autre imprégné de sang arabe. Nationalité des chevaux : Il faut en premier lieu souligner l’exceptionnelle réussite des chevaux élevés par le Sheik Mohammed Al Maktoum, avec 5 partants tous classés ; quatre de ces cinq chevaux sont issus d’un croisement avec l’arabe, et sont comptabilisés comme « demi-sang arabe » ; le cinquième est arabe. Si l’on retire les chevaux d’origine inconnue, dont on ne peut déterminer la provenance, il reste 90 chevaux ; 52 d’entre eux sont nés en France (58% des partants) dont 17 montés par des étrangers, qui montaient donc 33% des chevaux français. Si nous nous penchons sur les chevaux arabes, au nombre de 57 - 32 sont nés en France dont 18 classés (56%) - 25 sont nés hors de France dont 9 classés (36%) On constate que les arabes nés en France ont mieux réussi que ceux nés à l’étranger, mais les facteurs « circuit de sélection » et « cavalier » peuvent expliquer en partie ce phénomène (cf.infra). Cavaliers français : Il y avait 36 cavaliers français au départ dont 24 sont classés (67%), ce qui montre la réussite particulière des cavaliers français et explique en partie la réussite des chevaux nés en France, puisque les cavaliers français montaient tous un cheval né en France (à un cheval d’origine inconnue – donc de lieu de naissance non déterminé – près). En outre, les cavaliers français occupent le devant du classement : ils sont 9 dans les dix premiers, et leur répartition dans le classement est la suivante : Premier tiers (jusqu’au 16°) : 11, soit 69% Second tiers (jusqu’au 32°) : 10, soit 62% Troisième tiers (jusqu’au 49°) : 3, soit 18% Notons que 16 des 36 chevaux montés par les cavaliers français avaient changé de monte entre la qualificative et le Mondial, certains pour des raisons d’opportunité (comme la permutation Philippe THOMAS / Sophie ARNAUD sur QUARTZZ / ALI BAB), la plupart parce que le cavalier de l’épreuve qualificative ne remplissait pas les conditions pour participer au Mondial. Ceci doit également expliquer en partie la réussite des cavaliers français. Circuit de qualificationLa réussite des cavaliers français montant des chevaux français, leur regroupement dans les deux premiers tiers du classement démontre l’efficacité du circuit de sélection imaginé et mis en place en 2004 par Pierre CAZES, qui s’était attaché à sélectionner les meilleurs chevaux montés par des cavaliers aptes à les mettre en valeur. L’introduction en 2004, en complément du classement des épreuves qualificatives, d’un barème calqué sur celui du championnat des 6 ans d’Uzès, avec la participation de vétérinaires habilités par la SHF et familiarisés avec les championnats d’Uzès, a permis de concilier les aspects apparemment contradictoires de sélection et de préservation des chevaux. Le tableau ci-dessous donne la répartition dans le classement du Mondial des chevaux classés « Elite », « Excellent » ou « Non vus » dans les épreuves qualificatives
Tous les chevaux courant sous couleurs françaises avaient obtenu la mention « Elite » ou « Excellent » dans une épreuve qualificative. Nous voyons que les « Elite » sont ceux qui ont le mieux réussi, puisque la moitié d’entre eux est classée dans le premier tiers, et seulement 20% sont éliminés. Puis viennent les « Excellent », principalement classés dans le second tiers, mais avec 50% d’éliminés. Quant aux chevaux « non vus », donc étrangers, ils sont majoritairement éliminés et subsidiairement classés dans le troisième tiers. Ces constats démontrent, s’il en était encore besoin, la pertinence de l’adoption du dispositif de type « Championnat d’Uzès » pour la qualification. Confrontation des générations
de 7 et 8 ans. Les deux premières éditions du Mondial avaient montré que les générations de 7 et 8 ans faisaient pratiquement jeu égal. En 2005, la participation était sensiblement équivalente pour les deux classes d’âge : 50 sept ans et 46 huit ans. Si les huit ans sont proportionnellement plus nombreux à être classés, avec 29 contre 20 sept ans, les deux tableaux ci-dessous vont nous apporter des enseignements :
Distribution des chevaux classés :
Le premier tableau montre que si la proportion de classés est identique chez les chevaux de huit ans quelle que soit la nationalité du cavalier, en revanche les cavaliers français ont beaucoup mieux réussi que les étrangers avec les chevaux de sept ans. Cela est peut-être dû au mode de sélection pratiqué en France. Le second tableau montre que, parmi les chevaux classés, les sept ans ont globalement mieux réussi que les huit ans, les premiers étant plutôt vers le haut du classement et les seconds vers le bas. On retiendra donc que la
confrontation des deux générations dans une même épreuve est pertinente, les
chances de victoire étant globalement équivalentes. En effet, si en 2005 les
deux premiers ont 8 ans (TISEBROUK et Alain GODINO ; JAWAD DE LA SAULIRE et
- en 2003, les chevaux de 7 ans sont aux deux premières places : ELECTRA (Ph. THOMAS) et MISS EVA DU CAYROU (D. JOHNSON) - .en 2004, les chevaux de 7 ans sont aux trois premières places : MOUSSELINE (Ph. THOMAS) ; JAFAR DU SAUVETERRE (J.Ph. FRANCES) ; JADE EL KASHMIR (G. DUMAS). Volet commercialA notre connaissance, environ 15 chevaux classés dans le Mondial ont fait l’objet d’une transaction. Il est possible que d’autres transactions aient eu lieu sans que nous en soyons informés. En outre, d’autres
chevaux ont également fait l’objet de propositions d’achat mais sans que
les négociations aboutissent. La proportion élevée de chevaux vendus, à des prix tenus secrets mais que nous savons significatifs, est à mettre en relation avec la bonne appréciation qu’ont les acheteurs de la qualité de l’épreuve et du plateau de chevaux présentés. Nous avons en outre des informations selon lesquelles les cavaliers ayant vendu des chevaux vont réinvestir dans des sujets plus jeunes, notamment des six ans, en vue des Mondiaux à venir. S’il en est ainsi, le Mondial 2005 aura généré un courant commercial ayant des répercussions positives en amont sur l’élevage et la mise en valeur des jeunes chevaux ; cela devrait permettre également dès l’année prochaine de mettre en place une politique de promotion, de sponsoring et de commercialisation depuis la finale d’Uzès au Mondial de Compiègne en passant par le circuit des épreuves qualificatives. Cet aspect ne peut que satisfaire les organisateurs du Festival Mondial de Compiègne, ainsi que Emirates International Endurance Racing, le partenaire du Championnat d’Europe Open, qui œuvre pour le développement de l’endurance dans le Golfe Persique et dans le Monde, tant du point de vue économique que sportif. Avis des vétérinaires (Texte
du Dr Antoine SEGUIN, président de la commission vétérinaire
L’édition 2005 du
Mondial des jeunes chevaux a été particulièrement pleine d’enseignement
pour les aspects vétérinaires de la discipline. La coïncidence de cette épreuve avec le Championnat d’Europe a permis de constituer une commission vétérinaire composée de 6 vétérinaires étrangers et de 6 vétérinaires français. Ainsi les chevaux ont pu être jugés selon les critères d’une épreuve de grand championnat international de niveau 4 étoiles. Les impressions laissées à l’ensemble de la commission vétérinaire rejoignent les éléments évoqués dans l’analyse des résultats : grande disparité dans la qualité des chevaux montés par des cavaliers français et émiratis d’une part et des autres nations représentées d’autre part. Cette disparité dans les classements se retrouve dans les motifs d’élimination : la très grosse majorité des chevaux français éliminés (environ 80 %) l’a été pour boiteries alors que pour les étrangers on retrouve ratio habituel des motifs d’élimination (60 % boiteries, 40 % métabolique). Ces proportions se retrouvent évidemment pour les chevaux traités pendant l’épreuve : 4 chevaux, tous étrangers, ont nécessité des soins liés a des désordres métaboliques relativement important. Seul un cheval français, pourtant classé sur l’épreuve, a présenté le lendemain des symptômes de fourbure aiguë débutante qui a nécessité son hospitalisation sur place. L’ensemble de la commission vétérinaire a reconnu l’efficacité du système français de qualification pour le Mondial des 7 et 8 ans, et souhaiterait que la FEI incite vivement les autres Fédérations Nationales à la mise en place d’un système équivalent dans chaque nation participante. Compiègne le 20 septembre 2005 Christian DEPUILLE |