NOTE de PRESENTATION: A.
RICARD - C. BLOUIN - C. DUPUILLE du 5 Juillet 2006
En 2003, le Comité Scientifique et Technique des Haras nationaux (COST) a
chargé le professeur P.L. Toutain d'une mission d'évaluation des besoins
de recherches pour le cheval d'endurance. Cette réflexion a été menée
conjointement par les socio-professionnels concernés par l’endurance :
l’AFVEE (Association Française des Vétérinaires d’Endurance Équestre),
l’entraîneur et sélectionneur de l’Équipe de France d’Endurance
Équestre, l’AFCE (Association Française des Cavaliers d’Endurance),
la commission Endurance de l’ACA (Association du cheval arabe), les
haras nationaux et les chercheurs. Elle a conduit à l’appel d’offre
de 2004/2005 du COST spécifiquement axé sur l’Endurance, avec pour
mission la recherche d’un indice de performance, voir d’un indice génétique
sur des critères de performances en compétition d’endurance.
Durant ces 2 années, la recherche a été menée en collaboration étroite
avec la commission d’endurance de l’ACA et la médiation de C.
Depuille, les Haras nationaux, ce qui permet aujourd’hui de présenter
l’état actuel des indices d’endurance. Le choix des critères et des
pondérations a été fait après plusieurs simulations, ce qui a permit
de concilier les exigences scientifiques de construction des indices et
les exigences de signification pour les professionnels. Deux indices sont
prévus : un indice de carrière, qui résume toute la carrière du cheval
depuis 2002, un indice annuel, qui ne sera publié qu’à partir de
l’année 2005. Ces indices sont la combinaison de 3 critères : la
vitesse, le taux de courses finies, la distance. Cette note décrit les
modalités pratiques du calcul de ces indices.
1 DONNEES
Les indices sont calculés à partir des résultats en épreuves
d’endurance de 90 km et plus enregistrés à partir de l’année 2002.
Ces résultats présentaient pour 20% des sorties des aberrations ou des
manques qui ont été corrigés dans les ¾ des cas. Comme pour les autres
disciplines, mais avec sans doute un impact encore plus grand en
endurance, les chevaux Français, courants sous couleurs étrangères dans
les internationaux en France, ne sont pas pris en compte. En outre,
contrairement aux autres disciplines, les chevaux Français courant sous
couleurs Françaises à l’étranger dans des épreuves internationales
ne sont pas pris en compte.
Entre 2002 et 2005, il y a 14072 sorties, 8292 vitesses enregistrées pour
647 courses. 3606 chevaux ont un indice en endurance.
2 LES CRITERES : VITESSE, CLASSEMENT, DISTANCE
Les indices sont basés sur 3 critères de mesure de la performance :
la vitesse, le classement, la distance. Chaque critère est mesuré dans
chaque épreuve courue. L’indice est ensuite calculé à partir des
moyennes. Nous allons passer en revue ces 3 critères et la façon dont
ils sont traités.
2.1 Vitesse
Seuls les chevaux classés, ayant fini la course, ont une vitesse
enregistrée en km/h.
La vitesse utilisée comme critère est la vitesse standardisée intra épreuve.
Utiliser une vitesse standardisée intra épreuve, cela veut dire qu’un
cheval aura une bonne performance en vitesse si il a une vitesse supérieure
à la vitesse moyenne de l’épreuve et si cette supériorité le place
dans les tous meilleurs de la course. Ce n’est pas la vitesse absolue
qui compte. C’est la place de la vitesse par rapport aux autres vitesses
mesurées dans l’épreuve. On mesure en fait la vitesse qui place le
cheval dans les 10, 20…x% meilleurs de la course. Deux chevaux ayant des
vitesses identiques dans des courses dont une s’est courue vite et
l’autre lentement en moyenne n’auront pas la même performance. Deux
chevaux ayant des vitesses identiques dans des courses de même moyenne
mais dont les meilleurs sont à +1km/h de mieux pour l’une et à +2 km/h
de mieux que la moyenne pour l’autre n’auront pas la même
performance.
Cette vitesse est ensuite corrigée par le niveau moyen des chevaux qui
ont participé à la course. Pour chaque course, on calcule la moyenne des
vitesses standardisées réalisées par tous les chevaux de cette course
dans les autres courses. Cette moyenne est rajoutée à la vitesse
standardisée réalisée par le cheval dans la course considérée. Elle
mesure le niveau de concurrence rencontré dans la course.
2.2 Classement
Les chevaux ayant terminé l’épreuve ont une performance de 1, ceux qui
ne l’ont pas terminé ont 0. C’est un critère mesuré pour tous les
partants de l’épreuve. Cette performance est ensuite utilisée comme écart
au taux moyen de classés de l’épreuve. Un cheval aura une meilleure
performance si il est classé dans une épreuve où il y a peu de classés.
De la même manière que pour la vitesse, cette performance est corrigée
par le niveau de concurrence moyen rencontrée dans l’épreuve. Ce
niveau de concurrence est calculé par la moyenne des écarts de taux de
classement des chevaux participant à la course calculée sur toutes les
autres courses auxquelles ils ont participé. Plus les chevaux qui
participent à cette course ont été classé dans des courses où il y
avait peu de classés, plus le niveau de la course est élevé.
2.3 Distance
Tout cheval classé dans une épreuve aura comme performance la distance réelle
de l’épreuve en km. Cette distance a été recueillie d’après les
programmes FFE et enregistrée manuellement pour les épreuves de plus de
90km, elle est de 90km pour les épreuves proches de 90km.
3 CORRECTION POUR LES EFFETS D’ENVIRONNEMENT
Les performances ne sont pas utilisées « brutes ». Pour calculer un
indice, on retire à la performance ce qui est d’origine environnemental
facilement identifiable pour ne pas l’attribuer à la qualité du
cheval. Le seul effet d’environnement retenu est l’âge. Le sexe avait
un fort impact (les mâles sont désavantagés) mais la castration est
encore trop mal enregistrée pour distinguer avec un faible taux
d’erreur les mâles des hongres.
Figure 1 - Effet de l’âge sur la vitesse, le classement et la distance
en points d’indice de carrière
La figure 1 illustre l’effet de l’âge sur les 3 critères de mesure
de la performance exprimé en points d’indice tels qu’ils seront publiés.
Les chevaux jeunes (6/8 ans) courent moins vite que leurs aînés mais
sont classés plus souvent. En vieillissant les chevaux finissent par
perdre en vitesse mais continuent à courir des courses plus longues que
les jeunes.
Les indices sont présentés corrigés, c'est-à-dire que même si les
jeunes chevaux sont moins rapides que leurs aînés, la moyenne des
indices des jeunes chevaux sera la même que celle des chevaux en pleine
maturité. Les jeunes ne sont pas intrinsèquement moins bons (ce que
mesure l’indice) mais ils sont simplement handicapés par leur jeune âge
qui ne leur permet pas encore de s’exprimer pleinement.
4 CALCUL DE L’INDICE
Les 3 critères sont mesurés tels qu’il a été indiqué en 2) puis
corrigés selon 3). On fait ensuite la moyenne sur l’ensemble des épreuves
courues par le cheval. Cette moyenne est ensuite pondérée en fonction du
nombre d’épreuves courues : plus le cheval courre d’épreuves avec un
nombre de concurrents importants, plus les résultats sont fiables et donc
la moyenne est pondérée par un coefficient proche de 1. Si les résultats
sont peu nombreux (qu’ils soient bons ou mauvais), la moyenne est moins
fiable et est donc pondérée par un coefficient plus faible. Ce
coefficient de pondération dépend principalement du nombre de courses et
de la répétabilité du caractère. La répétabilité du caractère
c’est la corrélation entre 2 performances réalisées dans 2 courses
différentes. Plus la répétabilité est élevée, plus le cheval va répéter
sa performance, par exemple si il courre vite dans une course, il aura des
chances élevées de courir vite dans la course suivante. Si la répétabilité
est faible le résultat dans une course ne permet pas de prédire
correctement le résultat dans la course suivante. La répétabilité de
la vitesse est 0.46, celle du classement 0.26, celle de la distance 0.18.
La répétabilité de la vitesse est donc élevée. En CSO, entre 2 épreuves,
cette répétabilité n’est que de 0.29. Si il n’est pas exceptionnel
d’avoir une répétabilité de l’ordre de 0.45 entre l’ensemble des
performances réalisées sur une année et l’année suivante, il est
exceptionnel de trouver cette même valeur entre 2 résultats de 2 épreuves
ponctuelles, quelque soit la discipline considérée (y compris les
courses de trot ou de galop). En revanche, la répétabilité de la
distance est faible (0.18). Contrairement à ce qu’on pourrait penser,
c’est donc plus le programme du cavalier qui décide de la distance
courue par le cheval que sa propre qualité. C’est plus compréhensible
quand on imagine que de toutes manières le parcours d’un cheval doit
passer par des 90km puis des 120 km avant de courir des 140 km et que peu
de courses très longues sont courues.
Le coefficient qui sert de pondération à la moyenne pour former
l’indice est publié en plus de l’indice, c’est le coefficient de précision.
5 PONDERATION
Les trois critères permettent de calculer 3 indices. Chacun des critères
reflète une des qualités du cheval d’endurance. Il a été décidé en
accord avec l’ACA de pondérer ces 3 critères pour donner un indice
global avec les pondérations suivantes :
30% pour la vitesse, 30% pour le classement, 40% pour la distance.
La corrélation entre l’indice vitesse et classement est 0.36, entre
vitesse et distance 0.47 et entre classement et distance 0.53. La corrélation
entre l’indice global et la vitesse est 0.86, entre l’indice global et
l’indice classement 0.75 et entre l’indice global et l’indice
distance 0.73. Les corrélations entre les 3 critères sont bien sûr
positives, ce qui veut dire qu’un cheval qui court vite en général se
classe plus souvent et dans des distances plus longues. Mais elles
demeurent modérées ce qui justifie l’utilisation de critères
multiples pour bien cerner toutes les facettes de la qualité du cheval
d’endurance. La hiérarchie entre chevaux issue de chacun des critères
est différente et on comprend bien pourquoi appliquer un critère unique
à la qualification d’un cheval engendre toujours des critiques car la
vision subjective que nous avons de sa qualité englobe de multiples
informations.
6 PRESENTATION
Deux indices sont publiés : un indice de carrière calculé à partir de
tous les résultats du cheval depuis 2002 jusqu’en 2005. Un indice
annuel calculé pour l’année 2005. Par la suite l’indice de carrière
sera ré-actualisé tous les ans avec les nouvelles performances.
L’indice annuel sera calculé pour chaque année.
L’indice de carrière est présenté tel que 47% des chevaux ont plus de
100, 26% plus de 110, 13% plus de 120, 6% plus de 130 et 2% plus de 140.
Pour les chevaux ayant au moins 1 vitesse enregistrée (83% des chevaux
ayant un indice de carrière 2002-2005), donc ayant été classés au
moins une fois, ces pourcentages sont : 57% des chevaux ont plus de 100,
32% plus de 110, 16% plus de 120, 7% plus de 130 et 3% plus de 140
Il y a 57% des chevaux classés au moins une fois qui ne se classent au
mieux qu’en 90km, 27% dans des épreuves de 120/130km et 16% dans des épreuves
de 140/160km. Parmi les chevaux qui ne se classent au mieux qu’en 90km,
41% des chevaux ont plus de 100, 14% plus de 110, 3% plus de 120, au
dessus de 130 on trouve un cheval à132 et un à 141. Parmi les chevaux
qui se classent au mieux dans une épreuve de 120/130km, 70% des chevaux
ont plus de 100, 42% plus de 110, 21% plus de 120, 7% plus de 130, 1% plus
de 140 et 26 chevaux ont plus de 150. Parmi les chevaux qui se classent au
mieux dans une épreuve de 140/160km, 91% des chevaux ont plus de 100, 74%
plus de 110, 53% plus de 120, 32% plus de 130, 15% plus de 140 et 7% ont
plus de 150
On peut présenter ces chiffres d’une autre manière et compter parmi
les chevaux qui ont 140 et plus la proportion de chevaux classés au mieux
dans une 90km : 1%, au mieux dans une 120/130km : 7% et 92% sont des
chevaux classés dans une 140/160km.
7 CONCLUSION
Comme précisé au début de cette note, ces indices sont dépendants des
données disponibles et il demeure nécessaire d’améliorer notre source
d’information. Nous chercherons donc :
à compléter les données manquantes et aberrantes encore présentes
dans le fichier 2002/2005
à améliorer le recueil de l’information « sexe » afin de
pouvoir introduire une correction pour cet effet majeur.
à préciser les causes d’élimination et en tenir compte dans
le critère « classement » pour pondérer différemment les différentes
causes d’élimination en fonction de leur gravité (elles conduisent
toutes aujourd’hui à la même performance « non-classé »).
à accéder aux résultats des chevaux Français courants sous
couleur étrangères en Internationaux en France.
à accéder aux résultats des chevaux Français en
Internationaux courus à l’étranger.
du côté des critères, nous espérons améliorer
l’information disponible par le recueil des temps de récupérations et
obtenir pour les jeunes chevaux, pour lesquels il n’a pas été possible
d’élaborer un indice, les fréquences cardiaques.
Suite à ces travaux, l’ACA a écrit à la directrice générale des
Haras nationaux pour saisir à nouveau le COST pour l’élaboration des
indices génétiques qui sont les vrais outils d’aide à la sélection.
Les 100 meilleurs chevaux et leur indice calculé sur
la période 2002/2005. Avertissement : ces indices ne prennent pas en
compte les résultats antérieurs à 2002 ni les derniers résultats réalisés
en 2006. Les résultats des internationaux courus à l’étranger et les
chevaux Français courant sous couleurs Etrangères en France ne sont pas
pris en compte.
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